Réformer l'école pour limiter les inégalités ? Deux études de cas en Suisse
Georges Felouzis  1@  , Samuel Charmillot@
1 : Université de Genève

RÉSUMÉ
Cette proposition se situe dans le cadre de l'axe 2 de l'appel à communication : « Entre stratégies éducatives internationales et politiques nationales et locales contre les inégalités : quelles réponses des acteurs ? ».

 En Suisse, les politiques éducatives aux niveaux primaire et secondaire sont du ressort des cantons (Nidegger, 2014). Cela offre aux chercheur-e-s l'opportunité de comparer ces politiques dans leur fabrication (Revaz, 2020), comme dans leur mise en œuvre et leurs effets. Dans les deux cantons considérés dans notre recherche, comme dans la plupart des cas en Suisse, le secondaire 1 (élèves entre 11 et 15 ans) est organisé en filières hiérarchisées en fonction du niveau scolaire des élèves. Des réformes de ces systèmes filiarisés ont été mises en œuvre au début des années 2010 dans les deux cantons de l'enquête, dans le but de limiter les inégalités d'apprentissage et d'orientation (Felouzis et al, 2013).

L'objet de cette communication est de questionner les effets de ces réformes dont le but affiché était de limiter les inégalités d'apprentissage et de mieux scolariser les publics vulnérables. Les réformes considérées ici sont structurelles et concernent l'organisation du secondaire 1 en filières plus ou moins étanches et hiérarchisées. Dans le premier canton la réforme a accentué la filiarisation du secondaire 1 en passant de deux à trois filières. Dans le deuxième canton, le cheminement a été inverse : on est passé de trois à deux filières.

Les données sont issues d'une recherche soutenue par le Fond National Suisse de la recherche (FNS). Nous utilisons une approche quantitative centrée sur le suivi de quatre cohortes d'élèves, une avant et une après la mise en œuvre effective de la réforme dans chacun des deux cantons (environ 23 000 élèves pour les quatre cohortes). L'analyse utilise les méthodes de régression multiples et logistiques pour expliquer deux dimensions de la scolarité : le niveau de compétence atteint et les orientations en fin du secondaire 1. Les résultats montrent des effets contrastés selon le canton et un lien complexe entre les objectifs des réformes étudiées et leurs effets concrets sur les apprentissages et les parcours scolaires des élèves.

MOTS CLÉS
Politiques éducatives, inégalités scolaires, filières, enseignement secondaire, analyse longitudinale, Suisse.

ABSTRACT
This communication is focus on the axis 2 of the call for papers: "Between international educational strategies and national and local policies against inequality: what responses from stakeholders? "

In Switzerland, education policies at primary and secondary levels are the responsibility of the cantons (Nidegger, 2014). This offers researchers the opportunity to compare these policies in their production (Revaz, 2020), as in their implementation and their effects. In the two cantons considered in our research, as in most cases in Switzerland, secondary 1 (pupils between 11 and 15 years old) is organized into hierarchical streams according to the academic level of the pupils. Reforms of these tracking systems were implemented in the early 2010s in the two cantons of the survey, with the aim of limiting inequalities in learning and orientation (Felouzis et al, 2013).

The purpose of this communication is to question the effects of these reforms whose stated aim was to limit learning inequalities and better educate vulnerable groups. The reforms considered here are structural and concern the organization of secondary 1 in more or less tight and hierarchical streams. In the first canton, the reform accentuated the tracking of secondary 1 by going from two to three courses. In the second canton, the path was the opposite: we went from three to two streams.

The data come from research supported by the Swiss National Research Fund (SNSF). We use a quantitative approach focused on monitoring four cohorts of students, one before and one after the effective implementation of the reform in each of the two cantons (around 23,000 students for the four cohorts). The analysis uses multiple logistic regression methods to explain two dimensions of schooling: the level of competence attained and the orientations at the end of secondary 1. The results show contrasting effects according to the canton and a complex link between the objectives of the reforms studied and their concrete effects on students' learning and school career.

KEYWORDS
Educational policies, educational inequalities, tracking, secondary education, longitudinal analysis, Switzerland.

REFERENCES
Felouzis G., Charmillot S., Fouquet-Chauprade B., (2013), Comment organiser l'enseignement secondaire obligatoire ? Swiss Journal of Sociology, 39(2), 225-243;
Nidegger C., (dir), PISA 2012. Compétences des jeunes romands, Neuchâtel, IRDP.
Revaz S., (2020), Réformer l'école dans un contexte de démocratie directe, Thèse de doctorat, Université de Genève


Online user: 41 RSS Feed | Privacy
Loading...