Recherche collaborative en REP+ : repenser ensemble la coéducation collège-familles.
Sylviane Feuilladieu  1@  , Nathalie Mikailoff  2  , Claire Enéa-Drapeau  3  
1 : Aix-Marseille Université
Ministère de l\'Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
2 : AMU
UR 4671 ADEF : UR4671 ADEF
3 : AMU
laboratoire psychle

RÉSUMÉ
Cette communication propose une réflexion contextualisée sur la co-éducation école-familles en réseau d'éducation prioritaire, dans le cadre des politiques de lutte contre les inégalités scolaires. Une recherche accompagnement menée de 2017 à 2019 dans un collège REP+ de Marseille a permis d'interroger le vécu, les représentations, les besoins et les attentes des personnels du collège et des parents, concernant les dispositifs de rencontres collectives et individuelles, ainsi que les relations et la communication entre l'établissement et les familles. Deux questionnaires ont été élaborés à partir de l'état des lieux des dispositifs existants, auxquels ont répondu 20 personnels d'enseignement et d'éducation, et 70 parents. Les réponses croisées des acteurs éclairent concrètement cette réflexion à partir d'une mise en perspective de l'institutionnalisation des pratiques de co-éducation.

La co-éducation peut être définie comme « une relation entre éducateurs dits « premiers » que sont les parents, et éducateurs professionnels qui agissent en parallèle et/ou successivement, en tout cas en alternance avec les parents » (Rayna et Rubio 2010 in Hurtig-Delattre 2016, p.43). Cette définition met l'accent sur l'importance et la qualité des rencontres, eu égard à la porosité des espaces d'éducation du jeune permettant de développer une continuité et une cohérence entre ces espaces. La spécificité et la complémentarité des statuts, des rôles, et des compétences, de l'équipe éducative et des parents, sont donc des éléments tout aussi essentiels dans la co-éducation (Neyrand, 2018), que les résultats de la scolarité du jeune qui prennent souvent toute la place dans cette relation.

Globalement, les réponses des parents vont dans le sens des résultats de la littérature scientifique, selon lesquels le manque d'implication des familles les plus éloignées de la culture scolaire relève davantage d'une délégation accordée à l'établissement que d'un désintérêt ou d'une démission dans leur rôle de suivi de la scolarité de leur enfant (Perrier, 2019 ; Payet & al., 2008). Les parents interrogés sont très satisfaits des relations avec le collège, soulignant la compétence, le sérieux, l'attention, la bienveillance, l'écoute du personnel, à leur égard et à celui de leurs enfants. Pourtant, ils sont en demande de plus de relations, de communication, de rencontres. Les réponses croisées des personnels et des parents révèlent qu'il ne s'agit pas d'une demande quantitative qui se verrait formalisée dans de nouveaux dispositifs ou des temps supplémentaires de rencontres. Il s'agit au contraire de repenser qualitativement les rencontres, non pas parce qu'elles ne satisfont pas ou n'ont pas lieu d'être, mais parce qu'elles sont à réajuster ou à réaménager en termes de postures réciproques et de nature des échanges. Si les enseignants et les personnels d'éducation développent avec les parents une relation discontinue de suivi et d'aide institutionnelle au gré des rencontres formelles, les parents, eux, sollicitent une relation continue de suivi et d'aide davantage individualisée et personnalisée, relevant d'une proximité de type « quotidienne » non pas dans la fréquence de la relation, mais dans la teneur de cette relation.

MOTS-CLÉS
Co-éducation, collège, familles, éducation prioritaire, relation, posture.

ABSTRACT
This paper offers a contextualized reflection on school-family co-education in priority education network, as part of policies to combat educational inequalities. An accompanying research conducted from 2017 to 2019 at a REP college in Marseille made it possible to question the experience, representations, needs and expectations of college staff and parents, concerning collective and individual meeting, as well as relationships and communication between the institution and families. Two questionnaires were drawn up on the basis of an inventory of existing practices, to which 20 teaching and educational staff and 70 parents replied. The cross-responses of the actors shed concrete light on this reflection by putting into perspective the institutionalization of co-education practices.

Co-education can be defined as "a relationship between so-called "first" educators, parents, and professional educators who act in parallel and/or successively, at least alternating with the parents" (Rayna et Rubio 2010 in Hurtig-Delattre 2016, p.43). This definition emphasizes the importance and quality of meetings, given the porosity of the spaces for the education of the young person, which allow for the development of continuity and coherence between these spaces. The specificity and complementarity of statutes, roles, and skills, from the educational team and parents, are therefore just as essential in co-education (Neyrand, 2018), as the results of the young person's schooling, which often take up all the space in this relationship.

Overall, the responses of parents are in line with results of the scientific literature, according to which the lack of involvement of families furthest removed from school culture is more a matter of a delegation granted to the establishment than of a lack of interest or resignation in their role of monitoring their child's schooling (Perrier, 2019 ; Payet & al., 2008). The parents interviewed were very satisfied with the relationship with the college, emphasizing the competence, seriousness, attention, benevolence, listening to the staff, towards them and their children. Yet they are in demand for more relationships, communication and meetings. Cross-responses from staff and parents reveal that this is not a quantitative request that would be formalized in new devices or additional meeting time. On the contrary, it is a question of qualitatively rethinking the meetings, not because they do not satisfy or need to be, but because they need to be readjusted or redeveloped in terms of reciprocal postures and the nature of trade. While teachers and educational staff develop a discontinuous follow-up and institutional support relationship with parents through formal meetings, parents, for their part, solicit a more individualized and personalized follow-up and help relationship, governed by "daily" proximity not in the frequency of the relationship, but in the content of that relationship.

KEYWORDS
Co-education, school, families, priority education, relation, posture.

REFERENCES
Hurtig-Delattre, C. (2016). La coéducation à l'école c'est possible ! Paris : Chronique sociale.
Neyrand, G. (2018). Malaise dans le soutien à la parentalité. Pour une éthique d'intervention. Toulouse : Eres.
Payet, J-P., Giuliani, F., Laforgue, D. Eds. (2008). La voix des acteurs faibles. De l'indignité à la reconnaissance. Rennes : PUR.
Perrier, P. (2019). Des parents invisibles. Paris : PUF.


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