RESUME
Cette communication prend appui sur une recherche doctorale en didactique des langues et en sociolinguistique qui concerne :
- prioritairement la scolarisation des apprenants dits « primo-arrivants », « migrants », ou « allophones », dans les dispositifs DASPA (Dispositif d'Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-Arrivants) en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ;
- secondairement la scolarisation d'apprenants dits « non francophones » scolarisés dans les écoles françaises à l'étranger (réseau AEFE - Agence pour l'enseignement français à l'étranger), ou scolarisés dans des établissements internationaux proposant une langue de scolarisation dont les élèves ne sont pas locuteurs (réseau CIS - Council of international schools).
Son objectif est un renouvellement du regard habituellement déficitaire porté sur la scolarisation des apprenants dits « primo-arrivants » par des comparaisons avec des scolarisations d'apprenants également non locuteurs de la langue de l'école dans d'autres types de structure, en l'occurrence les réseaux AEFE et CIS.
Plus précisément, dans le cadre de notre recherche doctorale, pour instabiliser ou renouveler ces regards déficitaires qui n'envisagent la scolarisation des « primo-arrivants » qu'en termes de manques (« non maîtrise de la langue de l'enseignement », apprenants à propos desquels il est dit qu'ils n'ont pas la culture de l'école ni celle de la société dite d'accueil, etc.), nous comparons et croisons, selon une méthodologie qualitative (Jucquois, 2000) :
- des discours institutionnels et pédagogiques issus des réseaux concernés qui traitent de la scolarisation d'apprenants non locuteurs de la langue de l'école ;
- des entretiens et des observations de classe menées dans deux écoles DASPA de la FWB, une école du réseau AEFE et une école du réseau CIS.
Pour cette communication, nous synthétiserons notre recherche doctorale qui est en cours de finalisation. Dans un premier temps, nous préciserons rapidement différentes entrées possibles dans cette recherche puis le cadre théorique et la méthodologie adoptés. Dans un deuxième temps, nous illustrerons les résultats de notre recherche par certaines divergences et convergences de discours et pratiques relevées sur les trois terrains retenus. L'emploi en FWB de la dénomination d' « apprenant allophone » sera interrogé en tant qu'intention de reconnaissance de l'altérité. Nous évoquerons ensuite, d'un terrain à l'autre, des compréhensions divergentes de la notion de bienveillance, puis des convergences troublantes dans la relation à l'apprenant dit autre.
Nous argumenterons que de telles réflexions et recherches invitent à mettre en regard la scolarisation des apprenants dits « primo-arrivants » avec d'autres scolarisations qui, bien que présentant des enjeux similaires liés à l'allophonie (notamment en didactique des langues), ne sont jamais rapprochées de la scolarisation des « primo-arrivants ». Pourtant, de tels rapprochements mettent en évidence des problématiques transversales entre ces différents publics scolaires au-delà de leurs structures de scolarisation.
MOTS CLES
Apprenants catégorisés « primo-arrivants », « allophones », « non francophones ». Comparaison, croisement. Diversité, altérité. DASPA (Dispositif d'Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-Arrivants), Fédération Wallonie-Bruxelles, AEFE, CIS.
« Newly arrived children in French-speaking Belgium schools cast in a new light »
ABSTRACT
This communication is linked to a PHD research in Language Didactics and Sociolinguistics. This PHD research concerns:
- first of all the schooling of students called “newcomers”, “migrants”, or “allophones”, in the Belgian French language schools DASPA (“Dispositif d'Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-Arrivants”) from the “Fédération Wallonie-Bruxelles” (FWB),
- secondarily the schooling of students called "non French speaking" students, enrolled in French schools abroad (AEFE network - “Agence pour l'enseignement français à l'étranger”), or schooled in international establishments offering a language of schooling whose pupils are natively not speakers (CIS network - Council of international schools).
Its objective is a destabilization or renewal of the usual deficit perspective on the education of students called “newcomers”, by comparisons with the education of students who also do not speak natively the language of the school in other types of structures, in this case the AEFE and CIS networks.
More precisely, in the framework of our PHD research, to destabilize or to renew this deficit perspective which considers the education of “newcomers” only in terms of lacks ("non master the language of the school ", learners about whom it is said that they do not have the culture of the school nor the culture of the so-called host society, etc.), we compare and cross, by a qualitative methodology (Jucquois, 2000) :
- institutional and pedagogical speeches from the networks concerned which deal with the education of learners who do not speak natively the language of the school,
- interviews and class observations in two belgian DASPA schools, an AEFE school and a CIS school.
For this communication, we will focus on the uses of the “allophone learner” category and the notion of “allophonie” in Belgian institutional speeches linked to DASPA. We will question the change of name from "non-French-speaking students” to "allophone students”, by highlighting the ambiguities of this notion that deeper thoughts reveal. Then we will question its (non) use in institutional and educational discourses of the AEFE network and we will observe what other categories and concepts are used by the AEFE network. We will argue that such thoughts and research invite to compare the schooling of students called “newcomers” with other schoolings which, although presenting similar challenges linked to “allophonie” (in particular in language didactics), is never compared to the schooling of "newcomers". However, such links highlight cross-cutting issues between these different school publics beyond their schooling structures.
KEYWORDS
Learners categorized as “newcomers”, “allophones”, “non francophones”. Comparison, crossover. Diversity, otherness. DASPA (Dispositif d'Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-Arrivants), Fédération Wallonie-Bruxelles, AEFE, CIS.
REFERENCES
Castellotti, V. (2017). Pour une didactique de l'appropriation. Diversité, compréhension, relation. Paris: Les Éditions Didier.
Jucquois, G. (2000). « Le comparatisme, éléments pour une théorie ». In G. Jucquois & C. Vielle (Éds), Le comparatisme dans les sciences de l'homme (pp.17-46). Bruxelles: De Boeck Université.
Lucchini S, Oger E., Alais M. & El Karouni S. (2018). Politiques linguistiques dans les contextes multilingues de la Belgique francophone. Aide ou ségrégation ? Synergies Pays Germanophones. Gerflint, 185-197.
Marchadour, M (2019). Plurilinguismes et élèves « allophones » en France : ce que la désignation de l'autre révèle de la conception de l'ordre. In P. Blanchet (Coord.), Diversité sociolinguistique et ordre social : confrontations. Cahiers internationaux de Sociolinguistique 15. Paris: L'Harmattan.