Le développement de la conscience phonémique grâce au pont syllabique.
Maria Vazeux  1@  , Nadège Doignon-Camus  2  , Marie-Line Bosse  3  , Gwendoline Mahé  4  , Teng Guo  5  , Daniel Zagar  6  
1 : Université de Strasbourg
LISEC Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l’Education et de la Communication : UR2310
2 : Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de lÉducation et de la Communication
Université de Haute-Alsace (UHA) Mulhouse - Colmar, Université de Lorraine, université de Strasbourg : UR2310
3 : Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition
Université Pierre Mendès France - Grenoble 2, Université Joseph Fourier - Grenoble 1, Université Savoie Mont Blanc, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5105, Université Grenoble Alpes
4 : Lille University
Lille University, France, SCALAB UMR CNRS 9193
5 : Laboratoire de psychologie de línteraction et des relations intersubjectives
Université de Lorraine : EA4432
6 : EA 4432  (Interpsy)  -  Website
Université de Lorraine, Universit Lorraine
Université de Lorraine Campus Lettres et Sciences Humaines BP 13397 54015 Nancy Cedex -  France

 

L'objectif de cette étude était de comprendre la nature des premières relations grapho-phonologiques à enseigner pour développer la conscience phonémique (i.e., capacité à manipuler les phonèmes) chez les pré-lecteurs. Cette compétence est annonciatrice du futur niveau de lecture (Lerner & Lonigan, 2016), en est le plus fort prédicteur (Anthony & Francis, 2005) et se construit en relation avec l'écrit c'est-à-dire lorsque l'enfant apprend les correspondances grapho-phonologiques.
Dans la littérature, l'hypothèse dominante suggère que l'apprentissage du code alphabétique par le biais des correspondances lettre-phonème est le meilleur moyen de développer la conscience phonémique. En se basant sur la saillance et la précoce disponibilité des syllabes, l'hypothèse alternative du pont syllabique (Doignon-Camus & Zagar, 2009, 2014) suppose qu'un apprentissage associatif entre les lettres et les syllabes conduit les pré-lecteurs à construire les représentations des phonèmes en miroir des lettres et à développer la conscience du phonème.
Afin de tester cette hypothèse, 222 enfants pré-lecteurs en Grande Section de maternelle ont participé à cette étude. Au pré-test, leurs compétences initiales de conscience phonémique, de connaissance des lettres et de lecture de syllabes ont été évaluées. Tous les enfants ont bénéficié de 4 séances d'apprentissage associatif des relations grapho-phonologiques (20 minutes par séance) : la moitié des enfants a bénéficié d'un enseignement des relations entre les lettres et leurs phonèmes (e.g., P = /p/ et I = /i/) ; l'autre moitié un enseignement des relations entre les syllabes écrites et orales (e.g., PI = /pi/) ; enfin une dernière séance d'introduction à la combinatoire pour les deux groupes.
Deux résultats majeurs ont été observés. D'une part, la progression (pré-test vs. post-test) des compétences de conscience phonémique était significativement plus importante pour le groupe d'enfants pré-lecteurs bénéficiant d'un apprentissage lettres-syllabe que pour le groupe bénéficiant d'un apprentissage lettre-phonème. D'autre part, d'un point de vue de la trajectoire développementale, le développement de la conscience phonémique au moyen d'un apprentissage des relations lettres-syllabe nécessite des compétences initiales de connaissances des nom des lettres.
Cette étude menée sur un grand groupe d'enfants pré-lecteurs met en évidence le rôle des correspondances grapho-phonologiques basées sur la syllabe pour développer les compétences de conscience du phonème. La syllabe, unité disponible chez les pré-lecteur, semble être une unité pertinente pour construire les premières relations entre le langage oral et le langage écrit.

MOTS CLES
Conscience phonémique. Pré-lecteurs. Syllabe.

ABSTRACT
The objective of this study was to détermine the nature of the first grapho-phonological relationships to be taught to develop phonemic awareness (i.e., ability to manipulate phonemes) in pre-readers. This skill is predictive of future reading level (Lerner & Lonigan, 2016), is the strongest predictor (Anthony & Francis, 2005) and is built when the child learns grapho-phonological correspondences.
In the literature, the dominant hypothesis suggests that learning the alphabetic code through letter-phoneme correspondences is the best way to enhance phonemic awareness. Based on the saliency and the early availability of syllables, the alternative hypothesis of the syllabic bridge (Doignon-Camus & Zagar, 2009, 2014) assumes that an associative learning between letters and syllables leads pre-readers to construct representations of phonemes in mirror to the letters, and to develop phoneme awareness.
In order to test this hypothesis, 222 French-speaking prereaders participated to this study. In the pretest, their initial skills of phonemic awareness, letter awareness (Treiman, 2006; Treiman et al., 2008) and syllable reading were assessed. All children benefited from 4 sessions of associative learning of grapho-phonological relationships (20 minutes per session): half of the children were taught the relationships between letters and their phonemes (e.g., P = /p/ and I = /i/); the other half were taught the relationships between written and oral syllables (e.g., PI = /pi/); and finally, a final session of introduction to coding and decoding for both groups.
Two major results were reported. On the one hand, the progression (pre-test vs. post-test) of phonemic awareness skills was significantly greater for the group of children benefiting from letters-to-syllable learning than for the letter-to-phoneme group. On the other hand, from a developmental trajectory point of view, the development of phonemic awareness through learning letters-to-syllable relationships requires initial letter-name knowledge skills.
This study conducted on a large group of pre-reading children highlights the role of syllable-based grapho-phonological correspondences in developing phoneme awareness skills. The syllable, a unit available before learning to read, seems to be a relevant unit for building the first relationships between oral and written language.

KEYWORDS
Phonemic awareness. Prereaders. Syllable.

REFERENCES
Anthony, J. L., & Francis, D. J. (2005). Development of phonological awareness. Current Directions in Psychological Science, 14(5), 255–259. https://journals.sagepub.com/doi/10.1111/j.0963-7214.2005.00376.x
Doignon-Camus, N., & Zagar, D. (2014). The syllabic bridge: the first step in learning spelling-to-sound correspondences*. Journal of child language, 41(5), 1147–1165. https://doi.org/10.1017/S0305000913000305
Doignon-Camus, N. & Zagar, D. (2009). Les enfants apprentis lecteurs perc oivent-ils la syllabe à l'écrit? Le modèle DIAMS. In N. Marec-Breton, A. S. Besse, F. de La Haye, N. Bonneton & E. Bonjour (eds.), Apprentissage du langage écrit: Approche cognitive, 33–47. Rennes: Presses Universitaires de Rennes.
Lerner, M. D. & Lonigan, C. J. (2016). Bidirectional relations between phonological awareness and letter knowledge in preschool revisited: A growth curve analysis of the relation between two code-related skills. Journal of Experimental Child Psychology, 144, 166–183. https://doi.org/10.1016/j.jecp.2015.09.023


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